Témoignages : les volontaires de KASA qui poursuivent leurs missions pendant le confinement

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Le Corps européen de solidarité (CES) est une initiative de l’Union européenne dont l’objectif principal est de permettre à un plus grand nombre de jeunes de prendre part à un large éventail d’activités solidaires, soit par du volontariat, soit en intégrant une expérience professionnelle permettant de relever des défis présents en Europe. En Arménie, depuis plus de 10 ans, la Fondation KASA favorise l’accueil et l’envoi des volontaires dans le cadre de différentes missions communautaires au sein de ses activités.

Darya, Magda et Justyna sont en service volontaire européen en Arménie depuis plusieurs mois déjà. Elles viennent de France et de Pologne, et ont rejoint la Fondation KASA pour apporter leur contribution dans différents projets humanitaires et éducatifs. Les filles sont, comme tout le monde, confinées depuis la mi-mars. Cette drôle de période est une belle occasion de faire la connaissance de nos volontaires confinés et de voir leurs réflexions sur la situation actuelle.

Darya est Française, son arrivée en Arménie en tant que volontaire était du pur hasard mais elle ne la regrette point du tout. C’est un vrai tournant dans sa vie tant sur le plan personnel que professionnel. Elle est impliquée dans des projets du tourisme, surtout dans la promotion des Maisons d’hôtes, et participe activement à la transition digitale de la Fondation. En parlant des difficultés rencontrées pendant l’accomplissement de ses missions, elle dit : « Je n’ai jamais sous-estimé ma capacité à m’adapter, et je pense encore que je peux le faire un peu partout. J’ai renforcé mon idée que toute communication est possible malgré les barrières langagières. Si on fait des efforts, les gestes et les sourires peuvent parler ».

Darya vit dans une Guest-house avec des Arméniens. L’ambiance y est conviviale et elle souligne qu’une vue panoramique sublime sur tout Erevan s’ouvre de leur fenêtre. « Je fréquente des Arméniens principalement car je souhaite vivre en immersion totale. Je joue le jeu de vivre à l’arménienne simplement », explique Darya en ajoutant que sa routine avant-confinement comprenait la visite de Femlibrary, les classes de yoga en arménien et aussi le passe-temps intéressant avec des amis Arméniens. La seule chose qui lui manque, c’est la mer : « J’ai grandi au bord de la mer. L’odeur, les vibrations de l’eau, me baigner cela me manque pour me ressourcer ».

Actuellement, face à cette crise sanitaire, la jeune volontaire travaille en télétravail. Selon elle, ce n’est parfois pas facile d’avoir de la rigueur car la différence maison/travail/temps libre ne semble plus évidente.

Magda et Justyna viennent de la Pologne. L’année dernière Magda a obtenu son diplôme de Master en arabe et en russe à l’Université de St Andrews, en Écosse. Après les vacances d’été, elle était à la recherche d’un travail en Pologne voulant vivre de nouveau dans sa patrie après 6 années d’absence. « Je me suis concentrée sur le secteur non gouvernemental et je voulais être capable d’utiliser au moins une de mes langues étrangères au travail », explique Magda. Parallèlement à la recherche de l’emploi, suivant le conseil d’une amie, elle a postulé pour une mission de volontariat chez CES. À un moment donné, elle s’est retrouvée devant un choix difficile : « On m’a offert un emploi à Varsovie, ce qui a compliqué mes projets car, comparé au volontariat, c’était un « vrai travail » selon les normes sociales et la façon de penser de mon père. Après quelques jours, j’ai choisi de faire le programme CES en Arménie et maintenant je me demande comment j’ai pu avoir des doutes, c’était le seul bon choix », nous a confié Magda.

Dès le début, elle a exprimé sa volonté de participer au projet « Intégration des réfugiés » de KASA et elle s’est vu confier des responsabilités dans le cadre de ce projet. Ces responsabilités comprennent la rédaction du bulletin d’information du programme, l’assistance aux cours de russe pour les réfugiés et les demandeurs d’asile. « Une autre mission à laquelle je participe est celle d’un club anglophone. Je savais, avant de venir, qu’il y avait un club anglophone qui fonctionnait au sein de la Fondation et j’étais censée y participer une fois que je serais venue. Il s’est toutefois avéré que le club a été supprimé et j’ai donc parlé à deux de mes coordinateurs pour leur demander si nous pourrions le rouvrir. Mon idée principale était de créer un espace où les gens peuvent pratiquer leur anglais, puisque je n’avais pas cette possibilité dans ma ville natale », raconte Magda avec enthousiasme. Le club a été rouvert grâce aux efforts de la jeune volontaire et actuellement, elle est également chargée de l’animation du club. Une chose qu’elle fait avec une responsabilité inestimable.

Magda note que le programme CES lui a donné l’occasion de découvrir et d’utiliser tout son potentiel professionnel : « C’est la première fois que je mets mes connaissances théoriques en pratique de manière professionnelle. Pour ne citer qu’un exemple, j’enseigne les langues sous différents angles : j’assiste à des cours de russe, j’enseigne l’anglais individuellement et je dirige un club de langues. Cela m’a fait réaliser l’importance de la créativité dans l’enseignement et le fait que je ne me vois pas du tout dans l’éducation formelle ».

Pendant le confinement, elle a pu s’organiser et transférer toutes ses activités dans les plateformes en ligne. « En tant que point fort de ce format de travail, je peux mentionner que j’ai pu inviter mon ami écossais qui a rejoint le club anglais d’Édimbourg, ce qui a été apprécié par les participants », dit Magda tout en soulignant qu’elle ne voit pas d’enjeux dans ce mode de vie en confinement. « J’ai seulement développé une plus grande appréciation de la vie normale », constate-t-elle en souriant.

Justyna, qui est originaire du sud-est de la Pologne, a nourri depuis longtemps un projet de volontariat international mais à chaque fois il y avait quelque chose qui la dérangeait. « L’année dernière, lorsque j’ai terminé mes études et que j’ai commencé à chercher du travail, par hasard, je suis tombée sur une annonce sur Facebook concernant le bénévolat en Arménie. J’ai donc immédiatement décidé d’envoyer mon CV et ma lettre de motivation », se rappelle-t-elle.

Maintenant, Justyna fait partie du projet de développement des enfants et des adolescents du Centre KASA Gumri et elle dirige son propre club sur le thème de l’écologie. La seule difficulté à laquelle elle est confrontée, c’est l’ignorance de la langue arménienne car parfois les enfants et les adolescents arméniens ont du mal à comprendre ses idées en anglais.

Elle habite dans un bel appartement près du centre-ville avec une belle vue sur Gumri. « En Arménie, je me sens comme chez moi – en Pologne. J’aime beaucoup « mes promenades fainéantes » d’une trentaine de minutes pour arriver au bureau. Elles me donnent le temps de réfléchir à moi-même ou simplement d’observer la vie normale des Arméniens », dit Justyna.

Lorsqu’on lui demande de résumer son expérience de volontaire à KASA en trois mots, ce sont la connaissance, l’épanouissement et le bonheur qui lui viennent à la tête.

Malgré la crise liée au coronavirus, Justyna reste mobilisée dans ses missions : « Pendant la crise du coronavirus, je travaille depuis chez moi et j’essaie d’utiliser tous les appareils numériques qui peuvent égayer mes ateliers. Maintenant, je pense que cela donne plus d’opportunités que les réunions normales car il est plus facile de montrer des films, des présentations ou des discours intéressants ».