Au printemps 2016, Sona Andreasyan, jeune photographe originaire d’Erevan débarquait à Gumri, munie de son appareil et du désir de transmettre ses savoir et savoir-faire aux jeunes Gumretsis. Offerts dans le cadre du projet socio-éducatif de KASA pour enfants et adolescents, les cours baptisés désormais « Les Gumretsis comme photographes » ont su prouver durant ces mois leur raison d’être, avec de nouveaux groupes d’adolescents qui se succèdent et l’intérêt des gens qui grandit envers le projet en dehors de KASA.
Les cours durent de 3 à 4 mois, le temps pour les participants de s’initier à l’histoire de la photographie depuis sa genèse au XIXe siècle, d’étudier le développement de ses genres et ses techniques spécifiques de construction d’image, mais aussi de s’essayer eux-mêmes à la pratique de cet art. En plus de la matière théorique et de la pratique, Sona veille à assaisonner constamment ses cours d’échanges avec ses élèves afin de développer chez eux la pensée critique et analytique. Les rencontres avec des artistes locaux des arts visuels, les visites de diverses expositions, le visionnement hebdomadaire de films sur l’art photographique lui servent d’autant d’outils complémentaires importants pour modeler un goût envers les arts en général et la photographie en particulier.
Détail important : pour pouvoir participer aux cours, il n’est point obligatoire d’avoir un appareil photo professionnel, le but premier de la jeune professeure n’étant pas de préparer des spécialistes mais de développer plutôt la vision de ses élèves, qu’il s’agisse de voir l’image qui s’offre à leurs yeux ou bien de pouvoir apprécier une œuvre photographique à sa juste valeur.
« En même temps, les cours permettent d’aborder, à travers la photo, des sujets liés à la ville, à la société – car une image est rarement muette -, en devenant ainsi un moyen d’éduquer des citoyens conscients, donc plus responsables de leurs actions et de leur environnement », remarque la jeune photographe.
« Dans une ville où sa triste histoire récente a habitué, malheureusement, ses habitants à l’attentisme, j’ai voulu que la photographie devienne pour ces jeunes un moyen d’offrir quelque chose à leur ville, au monde, leur vision en l’occurrence », note Sona. Vision que les participants partagent régulièrement avec les autres à travers les expositions de leurs œuvres accueillies par les centres de KASA à Gumri et à Erevan.