La Fondation KASA a pour mission d’agir dans les domaines socio-économique, culturel et, bien sûr, éducatif. Elle intervient en faveur des résidents locaux vulnérables qui se trouvent dans des situations de vie difficiles, ainsi que des citoyens étrangers qui ont trouvé refuge dans notre pays. De nombreux programmes mis en œuvre à force d’amour et de persévérance au fil des ans, en témoignent clairement.
Avec le soutien financier du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), la Fondation Humanitaire Suisse KASA a repris depuis le mois d’août de cette année les cours de langue arménienne. La formation s’adresse aux non-Arméniens qui ont été expulsés, ont obtenu l’asile en République d’Arménie et ont été reconnus comme réfugiés. L’initiative conjugue les volets éducatif et humanitaire et vise à faciliter leur intégration rapide en Arménie grâce à l’enseignement de la langue arménienne.
Compte tenu de la situation épidémique actuelle, pour des raisons de sécurité, les cours sont dispensés en ligne.
« Auparavant, nous organisions des cours au Centre d’accueil spécial d’Erevan pour les résidents locaux. Plus tard, il est devenu impératif d’organiser des cours au Centre EspaceS pour d’autres personnes qui ne vivent pas dans le centre d’accueil, mais bénéficient du statut de réfugié. Je suis heureuse de pouvoir dire que nous avons maintenant trois groupes : deux pour les débutants et un pour les étudiants de niveau moyen. Les participants sont issus de différents pays. Il y a des étudiants qui parlent l’arabe, le perse et l’espagnol. Grâce aux cours, ils commencent à communiquer en arménien, ce qui leur permet de mieux intégrer la société arménienne », – souligne Nvard Grigorian, responsable du programme.
La formation se déroule de manière accessible et intéressante, ce qui rend le processus d’apprentissage plus agréable. « L’organisation des leçons et la méthodologie choisie sont principalement basées sur les besoins des bénéficiaires. Nous tenons compte du vocabulaire primaire, qui favorise une intégration rapide dans la société, de la grammaire en vigueur, et bien évidemment de l’expression orale et de la capacité à communiquer. En combinant des modèles éducatifs interactif et formel, nous rendons le processus d’enseignement plus intéressant », – affirme la formatrice, l’arabisante Inessa Pambukhchyan.
Le regroupement autour de l’étude de la langue arménienne donne aux réfugiés l’occasion de mieux se connaître et d’établir des relations amicales. L’environnement interculturel créé est à la fois une expérience intéressante et un défi pour les enseignants. « La mission principale de ce travail est de réunir autour d’une grande idée des personnes ayant des points de vue, des cultures, des langues et des visions du monde différents. La grande idée, c’est l’apprentissage. Lors de la première séance, nous précisons que ce n’est pas seulement l’arménien qui sera enseigné, et pas seulement les élèves, mais aussi le professeur vont apprendre. Il n’est pas facile à instaurer et à maintenir une atmosphère chaleureuse et conviviale. Mais cela promet de constituer la base d’une aide et d’une attention mutuelles, avec pour résultat que chaque membre du groupe peut devenir la motivation, l’inspiration ou simplement une source de nouvelles connaissances pour l’autre »,- dit Angelina Gabrielyan, spécialiste d’Iran qui enseigne l’arménien aux réfugiés iranophones depuis un certain temps.
Le cours est ouvert à tous les réfugiés âgés de plus de 14 ans. Les principaux critères sont le désir d’apprendre et la motivation personnelle. Sur la base d’années d’expérience et de recherche, il a été décidé de fixer la durée du cours à 6 mois. Cette période suffit pour acquérir les connaissances de base de l’arménien et communiquer sans problème dans la vie de tous les jours. Grâce à l’approche individuelle de chaque élève, à l’organisation flexible du processus d’apprentissage, il est possible de rejoindre les cours du deuxième au troisième mois.
Les cas sont nombreux où les réfugiés, après avoir terminé le cours, réussissent non seulement à s’intégrer rapidement dans la société, mais aussi à travailler librement dans l’environnement arménophone. « J’ai un étudiant qui a commencé à apprendre l’arménien avec une préoccupation constante, disant « professeur, c’est très difficile », mais actuellement il travaille dans un environnement exclusivement arménien, résistant à diverses situations difficiles en utilisant la langue. Le sourire, l’humour et la désinvolture sont très importants à chaque étape du parcours. Il en résulte de petites traditions et blagues (par exemple, appeler la lettre « r » comme « r sauvage »), qui sont transmises de groupe en groupe, devenant un grand pas dans l’interprétation de la logique incompréhensible et la volonté indomptable de surmonter « professeur, c’est très difficile » »,-a conclu Angelina avec un sourire et avec beaucoup de fierté.