Conférences intitulées «La femme en Arménie: défis et opportunités»

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Le 16 mai, à Gyumri, et le 23 du même mois, à Erevan, ont eu lieu deux conférences intitulées «La femme en Arménie : défis et opportunités », toutes deux animées par Lara Aharonian, codirectrice de l’ONG Woman’s Ressources Center Armenia (WRCA).

 

En 2015, l’Arménie reste encore un pays fortement traditionaliste, où les rôles entre les deux sexes sont bien établis depuis des siècles, et qui, malgré les indéniables changements survenus au cours des dernières années, restent encore figés, surtout dans les provinces.

Les nombreux cas de violence conjugale et de mise à l’écart de la femme de toutes activités économiques et politiques attestent de cette vision patriarcale de la société encore bien enracinée, et dans laquelle les violences envers les femmes sont souvent couvertes par une véritable omerta.

Lara Aharonian, arménienne originaire du Liban et diplômée de sociologie de l’université de Montréal, a donc fait état de l’actuel rôle de la femme en Arménie, tout en présentant le travaille de son ONG, qui vise à informer, aider, soutenir, défendre la dignité des femmes et des filles arméniennes, souvent reléguées au rôle de « deuxième mère », « d’ange du foyer familial », ou, au contraire, « d’objet du désir».

Un autre problème délicat à été abordé : celui de l’avortement sélectif. Depuis plusieurs années, les arméniennes, en partie sous la pression de leur entourage, recourent à la pratique de l’avortement sélectif pour ainsi favoriser la naissance des garçons au détriment des filles. Cette pratique aura des conséquences catastrophiques dans les prochaines années. Après la Chine, et au même niveau que l’Azerbaïdjan, l’Arménie est le pays qui utilise le plus l’avortement sélectif des filles. Selon le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), on compte normalement 104 naissances de garçons pour 100 naissances de filles, mais en Arménie on enregistre 114 garçons pour 100 filles.

Une disparité importante, qui atteint des proportions inconcevables dans la province du Gegharkunik, où pour 100 filles nées, on trouve 127 garçons. Pour Lara Aharonian, il faut donc informer, responsabiliser et, s’il le faut, manifester d’une manière active pour ainsi changer tant les mentalités que les lois qui, souvent datent encore de l’époque soviétique et qui ne donnent aucune place à la dignité d’une femme battue ou violée. Et pour le faire, il faut aussi reprendre en main la tradition arménienne : Mkhitar Goch, théologien et juriste du moyen âge, Zabel Yesayan, écrivaine et activiste pour les droits des femmes, et beaucoup d’autres, intellectuels comme femmes fedayin, qui se sont engagés pour que les femmes aient plus de droits dans la société, arménienne tout comme mondiale.

Les débats qui ont suivi les deux rencontres ont été très actifs, signe de l’intérêt porté par les participants sur le sujet de la place et du rôle de la femme en Arménie. Pour tous ceux qui veulent en savoir un peu plus sur cette ONG, voici l’adresse de leur centre : www.womenofarmenia.org