Conférence: Les restes de l’épée – Les Arméniens cachés et islamisés de Turquie

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Le 7 mars à Gumri et le 14 mars à Erevan, Laurence Ritter, sociologue et journaliste, a donné, dans les locaux de Kasa Gurmi et à l’hôtel Silk Roads d’Erevan, une conférence intituléeLes restes de l’épée – Les Arméniens cachés et islamisés de Turquie.

 

À Gumri, la conférence s’est déroulée en trois temps : une présentation des recherches que madame Ritter et son mari, le photographe Max Sivaslian, ont effectué en Turquie orientale, un commentaire des photos prises sur le terrain et enfin une passionnante discussion avec le public.

À Erevan, le format était légèrement différent, grâce aussi à la présence de Max Sivaslian. Tout d’abord, le public à été plongé directement au cœur du sujet à travers la projection des photos de Max Sivaslian, montrant paysages, villages et personnes, projection qui a été accompagnée par des musiques kurdes. La présentation des recherches sur le terrain a suivi cette projection et enfin, s’est tenu un débat avec le public composé de personnes d’Arménie, ainsi que de personnes provenant de Turquie, Syrie et France.

À Gumri comme à Erevan, la projection des photos (images de villages et de ses habitants en Turquie orientale, notamment dans les régions du Sassoun et de Van) s’est révélé être indispensable pour assurer une contextualisation et un cadre au sujet traité : la présence des Arméniens dans les territoires de la Turquie orientale, descendent des survivants du génocide du 1915 et aux persécutions suivantes. La conférencière s’est focalisée surtout sur les conséquences que les persécutions ont eu sur l’identité du peuple arménien, décimé, et dispersé. Grâce à un long et difficile travail de recherche (il est donc important de citer le patriarche d’Istanbul et le journaliste Hrant Dink), il a été possible de reconstruire en partie l’histoire des survivants au génocide et de leurs descendants. Une histoire faite de peur, de jeunes filles forcées de se marier avec des kurdes locaux en échange d’une ’’protection’’, de la tentative d’effacement d’une civilisation entière aussi à travers l’obligation, plus ou moins acceptée, de rejoindre la foi musulmane. Le parcours pour un arménien vivant encore sur les anciennes terres de l’Arménie occidentale qui veuille récupérer son identité et sa religion est, avec les mots de Laurence Ritter, « le parcours du combattant », car il doit se confronter à un grand nombre d’obstacles, bureaucratiques tout comme sociaux.

Le conférencier a mit en lumière aussi le lien très étroit entre religion et identité arménienne. Est-ce qu’un arménien musulman et pratiquant est accepté par la communauté arménienne comme l’un de leurs ? Une question à laquelle il reste difficile de répondre, pour le moment. Demeure néanmoins un espoir pour l’avenir, comme le représentent bien la restauration de quelques églises arméniennes, la prise de conscience d’une partie (minoritaire il est vrai, mais néanmoins symboliquement importante) de la société civile turque, ou encore, à Mouch, la naissance d’une association arménienne. Des initiatives encore impensables il y a encore quelques années.

Dans les deux villes, un buffet a suivi la conférence, ce qui a permis au public d’échanger.

Le livre ’’Les restes de l’épée – Les Arméniens cachés et islamisés de Turquie’’ est disponible auprès de la Fondation KASA au prix de 6.000 AMD.