Le 17 juillet dernier, l’ambiance à “CoWo” était “technoéducative”. En effet, l’espace de cotravail érévanais accueillait la conférence “Ed&Tech: questions éducatives et réponses technologiques” initiée par la fondation humanitaire suisse KASA et la plateforme de technologies éducatives Tutor Platform. Elle réunissait plus de 80 (au lieu des 50 prévus!) spécialistes des communautés éducatives et technologiques en Arménie, dont des enseignants, des experts en éducation, des représentants de la communauté technologique, d’établissements éducatifs et de structures étatiques.
Le but de la conférence était d’inviter les communautés éducatives et technologiques à dialoguer sur les défis actuels, les solutions déjà appliquées ou applicables dans l’éducation à travers les technologies modernes, tout en offrant l’occasion de découvrir de nouveaux partenaires et de créer de nouvelles synergies.
Un programme chargé attendait les participants: ouverture officielle de la conférence à travers un bref exposé des problèmes fondamentaux, des défis et des perspectives dans le domaine; table ronde intitulée “Problèmes éducatifs, solutions technologiques: défis actuels et expérience” avec Mane Madoyan (Centre de la liberté d’information d’Arménie) à titre de facilitatrice et des interlocuteurs tels que Aram Karapetyan (Tutor Platform), Sedrak Vardanyan (laboratoires d’ingénierie “Armath”), Korioun Khatchadourian (COAF Smart Center), Artashes Torosyan (Centre national de développement de l’éducation et d’innovations), Kristina Sargsyan (Université française en Arménie), Naira Margaryan (Fondation éducative Ayb); séance de réseautage professionnel animée par Zaruhi Lavchyan (KASA), ainsi que 4 ateliers de discussion thématiques (STEM/sciences humaines/éducation civique/formation continue et solutions technologiques).
Cette variété de formats de travail a permis d’aborder sous plusieurs angles les défis présents et l’expérience locale en matière de recours aux technologies modernes dans le domaine éducatif, de mettre en lumière les besoins enregistrés dans le domaine, ainsi que les opportunités et les perspectives offertes par les technologies en vue de réformer l’éducation. Les participants ont également eu l’occasion de se côtoyer et d’esquisser des pas prometteurs vers de nouvelles coopérations.
Voici quelques réflexions parlantes exprimées au cours de la conférence, que nous avons relevées pour vous:
“Si quelqu’un demande de quoi nous devrions nous occuper au Ministère de l’industrie de haute technologie, la réponse, sans équivoque, serait : d’éducation!”, a noté Davit Sahakyan, adjoint au ministre, en ajoutant “qu’il nous incombe d’être responsables des changements que nous souhaitons voir” dans l’éducation et les technologies, sans attendre que quelqu’un d’autre le fasse à notre place.
“Nous mettons en place la technologie, mais nous n’expliquons pas aux gens comment l’utiliser”, a fait remarquer Artashes Torosyan, en comparant l’usage actuel fait des technologies à une scène célèbre du film arménien “Nous et nos montagnes”, où les villageois ne savent pas comment utiliser le téléphone du bureau du président du kolkhoze, cette composante du système agricole soviétique. “Notre réalité est la même”, a-t-il résumé!
“Les éducations formelle et non-formelle ne sont pas liées en Arménie. Elles existent de manière parallèle, sans être interconnectées”, pense Kristina Sargsyan. Idée qu’elle a contrée elle-même à travers l’exemple des laboratoires “Armath”, un projet éducatif non-formel qui a su s’introduire avec succès dans l’espace éducatif formel et même s’exporter en dehors de l’Arménie!
“Les enseignants sont accablés de devoirs, et ils ne sont pas suffisamment payés pour être motivés à faire un changement. D’habitude, nous aspirons à un changement lorsque nous percevons la valeur qu’il va apporter. Je pense que les enseignants ne voient pas la valeur réelle de la technologie à cause de leur surcharge. Je suis ici, aujourd’hui, pour dire aux spécialistes de l’éducation que les bonnes technologies existent, et que nous sommes là. Simplement, accueillez-nous!”, a déclaré Aram Karapetyan.
Répondant à une question sur la création d’une demande de développement des technologies éducatives, Areg Tadevosyan, expert international en éducation, a mis l’accent sur le rôle du secteur des affaires: “Le secteur des affaires a besoin de professionnels. Et pour avoir des salariés professionnels, nous devons avoir un meilleur système éducatif”.
“Nous avons prévu une continuité d’échanges entre les participants de la conférence grâce à l’application mobile créée spécialement pour Ed&Tech. En même temps, les retours positifs sur l’intérêt et l’importance du sujet nous font réfléchir à la possibilité d’un travail pratique plus approfondi et à long terme”, a noté Armine Hayrapetyan, coordinatrice du projet de formation à distance à KASA dans le cadre duquel la conférence a été organisée. À suivre !